Le divorce en séparation de biens obéit à une logique patrimoniale claire : chaque époux récupère les biens dont il est personnellement propriétaire, sans qu’il soit nécessaire de procéder à une liquidation globale du patrimoine du couple. Ce régime matrimonial, souvent choisi pour préserver l’indépendance financière de chacun, produit des effets très spécifiques au moment de la séparation.
Contrairement aux régimes communautaires, le divorce en séparation de biens est en principe plus simple sur le plan patrimonial, mais il n’est pas pour autant dénué d’enjeux. La qualification des biens, la preuve de leur propriété, le sort des biens indivis, la résidence principale, les comptes bancaires ou encore la gestion des dettes peuvent rapidement devenir sources de tension si ces points ne sont pas clairement anticipés.
Dans le cadre plus large des régimes matrimoniaux, la séparation de biens se distingue par l’absence de patrimoine commun. Cette caractéristique influence directement la manière dont le divorce se déroule, tant sur le plan juridique que financier.
Cet article a pour objectif de clarifier concrètement les conséquences d’un divorce sous le régime de la séparation de biens, sans se substituer à un conseil juridique. Il se concentre exclusivement sur le divorce (et non sur le fonctionnement du régime au quotidien ni sur les conséquences en cas de décès), afin d’apporter une lecture patrimoniale claire et opérationnelle.
Divorce en séparation de biens : principe et simplification du partage
Le principe fondamental du divorce en séparation de biens est simple : il n’existe aucune communauté à liquider. Chaque époux conserve la pleine propriété de ses biens personnels, qu’ils aient été acquis avant ou pendant le mariage, sous réserve de pouvoir en justifier la propriété.
Sur le plan patrimonial, cela signifie que le divorce ne donne pas lieu à une liquidation du régime matrimonial, comme c’est le cas dans les régimes de communauté. Cette absence de masse commune constitue l’un des principaux avantages de la séparation de biens en cas de divorce : le partage est limité aux seuls biens détenus en indivision.
En pratique, cette organisation permet :
- Une lecture plus lisible des patrimoines respectifs,
- Une réduction des opérations de partage,
- Des délais de procédure souvent plus courts, notamment en cas de divorce par consentement mutuel.
Toutefois, cette simplification repose sur une condition essentielle : la capacité de chaque époux à démontrer la propriété de ses biens. À défaut de preuve, un bien peut être requalifié en bien indivis, entraînant un partage non souhaité.
Le divorce en séparation de biens n’est donc pas un « divorce automatique sans partage », mais bien un divorce où le partage est ciblé, limité et encadré, à condition que la situation patrimoniale ait été correctement structurée et documentée.
Si le régime de séparation de biens ne correspond plus à vos besoins, il est tout à fait possible de faire un changement de régime matrimonial, comme par exemple la communauté réduite aux acquêts ou la participation aux acquêts.
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Chaque époux reprend ses biens personnels
Dans le cadre d’un divorce en séparation de biens, le principe est clair : chaque époux conserve l’intégralité de ses biens personnels, sans qu’ils aient vocation à être partagés. Ces biens sont exclus de toute liquidation ou opération de répartition entre les époux.
Sont considérés comme biens propres :
- Les biens acquis avant le mariage
Tout bien détenu avant l’union (immobilier, comptes bancaires, placements financiers, mobilier, véhicule) reste la propriété exclusive de l’époux concerné, indépendamment de la durée du mariage.
- Les biens acquis pendant le mariage à titre personnel
Un bien acheté pendant le mariage peut rester personnel dès lors qu’il est acquis en son nom propre et financé exclusivement avec des fonds personnels. Cela concerne fréquemment certains investissements immobiliers ou financiers réalisés seul.
- Les biens reçus par donation ou succession
Les biens transmis à titre gratuit (héritage ou donation) conservent leur caractère strictement personnel. Ils ne sont jamais partagés lors du divorce, même lorsqu’ils ont été reçus pendant le mariage.
- Les revenus et gains personnels
Les salaires, revenus professionnels et gains issus d’une activité individuelle appartiennent à celui qui les perçoit. Tant qu’ils ne sont pas volontairement mis en commun (compte joint, acquisition à deux), ils restent des biens propres.
🔀 En pratique, ces biens sont récupérés automatiquement par leur propriétaire lors du divorce, sans intervention particulière du juge.
Pas de liquidation du régime matrimonial (sauf biens indivis)
Le divorce en séparation de biens se distingue par l’absence de liquidation du régime matrimonial. Contrairement aux régimes de communauté, il n’existe pas de patrimoine commun à reconstituer, évaluer puis partager.
Cette organisation entraîne plusieurs conséquences concrètes :
- Une simplification notable par rapport aux régimes de communauté
Les opérations complexes de liquidation (récompenses, créances entre époux, calculs de masse commune) sont en principe inexistantes.
- Un périmètre de partage limité
Seuls les biens détenus en indivision pendant le mariage doivent être partagés lors du divorce.
- Une procédure généralement plus rapide
En l’absence de biens indivis ou lorsque leur partage est amiable, les délais de divorce sont souvent plus courts, notamment en cas de divorce par consentement mutuel.
👌 La séparation de biens permet donc un divorce patrimonialement plus lisible, à condition que les biens aient été correctement individualisés pendant le mariage.
Nécessité de prouver la propriété des biens
En séparation de biens, la preuve de propriété joue un rôle central. Chaque époux doit être en mesure de démontrer que les biens qu’il revendique lui appartiennent personnellement. La charge de la preuve repose notamment sur :
- Les factures nominatives,
- Les actes notariés (actes d’achat, donations, successions),
- Les relevés bancaires permettant de retracer le financement des biens.
À défaut de justificatif suffisant, le bien concerné peut être considéré comme indivis, même s’il a été utilisé principalement par un seul époux.
En pratique, l’absence de preuve entraîne une présomption d’indivision, généralement à hauteur de 50 % pour chacun, avec obligation de partage lors du divorce.
| Type de bien | Qualification | Preuves nécessaires |
|---|---|---|
| Bien acquis avant le mariage | Bien propre | Acte d’achat, relevés, factures |
| Bien acquis seul pendant le mariage | Bien propre | Acte nominatif, financement personnel |
| Bien reçu par donation ou succession | Bien propre | Acte notarié |
| Bien acquis à deux | Bien indivis | Acte d’acquisition, quotes-parts |
| Bien sans preuve claire | Indivision présumée | Partage par moitié |
Partage des biens acquis en indivision lors du divorce
En séparation de biens, le divorce ne donne pas lieu à un partage global du patrimoine. Seuls les biens acquis en indivision pendant le mariage doivent être répartis entre les époux. Il s’agit donc du principal point de vigilance patrimoniale lors de la procédure.
Un bien est considéré comme indivis lorsqu’il a été acquis conjointement par les deux époux, qu’il s’agisse d’un bien immobilier, d’un placement financier, d’un véhicule ou de biens mobiliers. Le partage de ces biens obéit à des règles précises, qui peuvent être aménagées par accord amiable.
Règles de l’indivision et quotes-parts
Le principe de base de l’indivision repose sur la proportion des apports de chacun. Chaque époux est propriétaire du bien à hauteur de ce qu’il a effectivement financé, dès lors que cette répartition est clairement établie.
En pratique :
- Lorsque l’acte d’acquisition mentionne des quotes-parts précises (par exemple 60 % – 40 %), le partage s’effectue selon cette répartition.
- À défaut de précision dans l’acte ou de preuve des apports respectifs, le bien est présumé détenu à parts égales, soit 50 % pour chaque époux.
Le partage peut être réalisé :
- Conformément à l’acte d’acquisition,
- Ou par accord amiable, validé dans la convention de divorce ou par un acte séparé.
✖️ En cas de désaccord, le juge peut être saisi pour trancher sur la répartition, sur la base des éléments de preuve fournis par chacun.
Biens immobiliers en indivision : partage ou attribution
Les biens immobiliers constituent souvent l’enjeu patrimonial principal lors d’un divorce en séparation de biens. Plusieurs solutions sont envisageables.
- Vente du bien et partage du prix
Le bien peut être vendu, et le prix de vente est ensuite réparti entre les époux selon leurs quotes-parts respectives. Cette solution met fin définitivement à l’indivision, mais peut être contrainte par les conditions du marché ou par un désaccord sur le prix.
- Attribution préférentielle à l’un des époux
L’un des conjoints peut conserver le bien immobilier en rachetant la part de l’autre. Il verse alors une soulte, correspondant à la valeur de la quote-part détenue par son ex-époux. Cette option est fréquente lorsque le logement constitue la résidence principale ou lorsque des enfants sont concernés.
- Maintien en indivision : une solution provisoire à manier avec prudence
Les époux peuvent décider de conserver temporairement le bien en indivision, notamment pour différer une vente. Cette situation reste toutefois juridiquement fragile : elle impose une gestion commune, peut générer des tensions et retarde la liquidation définitive du patrimoine.
Autres biens indivis (meubles, placements, véhicules)
L’indivision ne concerne pas uniquement l’immobilier. De nombreux biens acquis pendant le mariage peuvent être détenus conjointement :
- Mobilier et objets de valeur,
- Véhicules,
- Comptes d’épargne ou placements financiers ouverts à deux.
Le partage de ces biens dépend de leur nature et de leur valeur. Il peut prendre différentes formes :
- Partage en nature lorsque cela est possible,
- Attribution à l’un des époux avec compensation financière,
- Vente du bien et partage du produit.
L’objectif est d’aboutir à une répartition équilibrée, tout en limitant les sources de conflit.
En résumé, les biens indivis peuvent être partagés selon plusieurs options :
- Vente du bien et partage du prix
- Attribution à l’un des époux avec versement d’une soulte
- Partage en nature (lorsque le bien est divisible)
- Maintien temporaire en indivision (solution transitoire)
Résidence principale et logement familial : qui reste dans la maison ?
La question de la résidence principale est l’une des plus sensibles lors d’un divorce en séparation de biens. Contrairement à une idée reçue, le régime matrimonial ne règle pas à lui seul le sort du logement familial. La réponse dépend avant tout de la propriété du bien : appartient-il à un seul époux ou est-il détenu en indivision ?
➡️ Dans tous les cas, le juge peut intervenir pour organiser l’occupation du logement, notamment lorsque des enfants sont concernés.
Si un seul époux est propriétaire
Lorsque la résidence principale appartient exclusivement à l’un des époux, le principe est simple : le propriétaire conserve le bien. Le logement ne fait pas l’objet d’un partage, puisqu’il constitue un bien propre.
Toutefois, ce principe peut être temporairement aménagé.
- Jouissance gratuite ou indemnité d’occupation
Le juge peut accorder au conjoint non-propriétaire, en particulier lorsqu’il a la garde des enfants, le droit de rester dans le logement :- Soit à titre gratuit,
- Soit moyennant une indemnité d’occupation, destinée à compenser l’usage du bien appartenant à l’autre époux.
Le choix dépend de la situation financière des parties, de l’intérêt des enfants et de l’équilibre global du divorce.
- Délais de départ et protections éventuelles
Même lorsque le conjoint non-propriétaire doit quitter le logement, des délais peuvent être accordés afin de lui permettre de se reloger dans des conditions satisfaisantes. Ces mesures sont en principe temporaires et encadrées par le juge.
Si les deux époux sont copropriétaires (indivision)
Lorsque la résidence principale est détenue en indivision, elle entre pleinement dans le périmètre du partage.
- Partage ou attribution préférentielle
Plusieurs solutions peuvent être envisagées :- L’attribution du logement à l’un des époux, avec compensation financière,
- Ou la vente du bien si aucun accord n’est trouvé.
- Rachat de la quote-part de l’autre époux
L’époux qui souhaite conserver le logement peut racheter la part de son ex-conjoint. Cette opération donne lieu au versement d’une soulte, calculée en fonction de la valeur du bien et des quotes-parts respectives.
- Vente et partage du prix en cas de désaccord
En l’absence d’accord amiable, la vente du bien peut être imposée afin de mettre fin à l’indivision. Le prix est ensuite partagé selon les droits de chacun.
Droit d’usage et d’habitation temporaire
Indépendamment de la propriété du logement, le juge peut accorder au conjoint non-propriétaire un droit d’usage et d’habitation temporaire, notamment lorsque des enfants vivent au domicile.
Cette mesure vise à :
- Assurer la stabilité du cadre de vie des enfants,
- Protéger le conjoint qui en a la charge principale.
Ce droit est strictement encadré :
- Il est accordé pour une durée limitée,
- Il peut être gratuit ou assorti d’une indemnité,
- Il prend fin automatiquement à l’échéance prévue ou lors d’un événement déterminé (vente du bien, relogement, majorité des enfants).
Comptes bancaires communs : comment se fait le partage lors du divorce ?
La question du partage des comptes bancaires est centrale lors d’un divorce en séparation de biens. Contrairement aux idées reçues, le régime matrimonial ne suffit pas à lui seul à déterminer le sort des sommes détenues sur les comptes. Il convient de distinguer compte joint et comptes personnels, tout en tenant compte des mouvements financiers intervenus avant et pendant la procédure.
⚠️ Une mauvaise gestion de cette étape peut entraîner des litiges durables, voire des rééquilibrages judiciaires.
Compte joint : principe du partage par moitié
Le compte joint est présumé appartenir à parts égales aux deux époux, indépendamment de celui qui l’a le plus alimenté. En cas de divorce, le principe est donc un partage par moitié du solde.
- Solde pris en compte
Le solde du compte joint est généralement apprécié :- Soit à la date de la séparation effective,
- Soit à la date du jugement de divorce, selon le contexte et les décisions judiciaires.
- Blocage du compte et retraits unilatéraux : attention aux risques
Chaque cotitulaire peut juridiquement effectuer des retraits sur un compte joint. Toutefois, un retrait important ou non justifié effectué avant le divorce peut être :- Contesté par l’autre époux,
- Requalifié par le juge,
- Compensé lors du partage final.
💡 Dans certaines situations, le blocage du compte joint peut être envisagé afin de sécuriser les fonds.
Comptes personnels : pas de partage
En séparation de biens, les comptes personnels restent la propriété exclusive de leur titulaire. Les sommes qui y figurent n’ont pas vocation à être partagées lors du divorce.
Chaque époux conserve donc :
- Ses comptes courants personnels,
- Ses livrets d’épargne,
- Ses placements financiers ouverts en son nom.
Vigilance sur les mouvements suspects
Toutefois, des transferts de fonds suspects effectués juste avant ou pendant la procédure peuvent être remis en cause.
Le juge peut ordonner :
- Une réintégration des sommes indûment déplacées,
- Un rééquilibrage dans le cadre du règlement du divorce.
Preuves et relevés bancaires
La preuve bancaire joue un rôle clé dans le règlement des comptes lors d’un divorce. Il est essentiel de conserver :
- Les relevés de comptes,
- Les justificatifs de virements,
- Les documents attestant de l’origine des fonds.
En cas de litige, ces éléments permettent :
- De reconstituer les flux financiers,
- De distinguer les fonds personnels des fonds indivis,
- D’établir d’éventuelles manœuvres destinées à déséquilibrer le partage.
📋 Une bonne organisation documentaire contribue souvent à désamorcer les conflits et à sécuriser les intérêts patrimoniaux de chacun.
Dettes et divorce en séparation de biens : qui paie quoi ?
Le régime de la séparation de biens implique une règle de base simple : chaque époux est responsable de ses propres dettes. Toutefois, ce principe connaît des exceptions importantes, notamment pour les dettes liées à la vie courante du ménage ou aux biens détenus en commun.
📊 Lors d’un divorce, la répartition des dettes doit donc être analysée avec précision afin d’éviter toute confusion entre dettes personnelles, dettes communes et dettes liées à des biens indivis.
Principe : chacun reste responsable de ses dettes personnelles
En séparation de biens, chaque époux demeure tenu personnellement des dettes qu’il a contractées en son nom. Sont notamment concernées :
- Les crédits contractés individuellement (crédit à la consommation, prêt personnel, crédit automobile),
- Les dettes antérieures au mariage, qui restent à la charge de l’époux qui les a souscrites.
➡️ Ces dettes ne sont pas partagées lors du divorce, même si elles ont été contractées pendant le mariage, dès lors qu’elles n’engagent qu’un seul époux.
Exceptions : dettes ménagères et dettes communes
Certaines dettes échappent au principe de responsabilité individuelle.
- Dettes ménagères
Les époux restent solidairement responsables des dettes contractées pour :- L’entretien du ménage,
- L’éducation des enfants.
Cette solidarité s’applique quel que soit le régime matrimonial, y compris en séparation de biens.
- Crédits contractés en commun
Les dettes souscrites conjointement, notamment les crédits immobiliers contractés à deux, engagent les époux solidairement vis-à-vis du créancier. En cas de divorce, la banque peut donc réclamer la totalité des échéances à l’un ou l’autre, indépendamment des accords internes entre ex-époux.
Partage des dettes liées aux biens indivis
Les dettes attachées à des biens détenus en indivision suivent le sort du bien concerné. Il s’agit par exemple :
- Des échéances de prêt liées à un bien immobilier indivis,
- Des charges et travaux afférents à ce bien.
Ces dettes sont supportées par les époux au prorata de leurs quotes-parts, sauf accord contraire. Lors du partage ou de la vente du bien, les dettes restantes sont déduites du prix avant répartition.
| Type de dette | Responsabilité |
|---|---|
| Dette personnelle | Époux concerné |
| Dette antérieure au mariage | Époux concerné |
| Dette ménagère | Solidaire |
| Crédit contracté en commun | Solidaire |
| Dette liée à un bien indivis | Proportionnelle aux quotes-parts |
Prestation compensatoire en cas de divorce sous séparation de biens
Le fait d’être marié sous le régime de la séparation de biens n’exclut pas le versement d’une prestation compensatoire. Contrairement à une idée reçue, cette prestation ne dépend pas du régime matrimonial, mais de la situation économique respective des époux au moment du divorce.
Elle constitue donc un mécanisme essentiel à prendre en compte, y compris lorsque chaque époux conserve son patrimoine personnel.
Principe et objectif de la prestation compensatoire
La prestation compensatoire a pour objectif de compenser la disparité de niveau de vie que le divorce peut créer entre les époux. Elle vise à rétablir un certain équilibre économique, sans pour autant égaliser les patrimoines.
Son attribution repose sur une analyse globale de la situation des conjoints, notamment :
- La durée du mariage,
- L’âge et l’état de santé des époux,
- Les revenus et capacités professionnelles respectives,
- La situation professionnelle au moment du divorce et les perspectives d’évolution.
➡️ La prestation compensatoire n’est donc ni automatique, ni systématique : elle est appréciée au cas par cas.
Modalités de versement (capital ou rente)
Le principe posé par la loi est celui d’un versement en capital, qui peut prendre différentes formes :
- Somme d’argent versée en une ou plusieurs fois,
- Attribution de biens ou de droits.
La rente viagère reste exceptionnelle. Elle n’est envisagée que lorsque le versement en capital est impossible ou manifestement insuffisant pour compenser la disparité créée par le divorce.
💡 Ces modalités sont arrêtées d’un commun accord entre les époux ou, à défaut, fixées par le juge.
Calcul et montant : éléments pris en compte
Il n’existe aucune formule de calcul automatique de la prestation compensatoire. Son montant est déterminé à partir de plusieurs éléments, parmi lesquels :
- La durée du mariage,
- Les éventuels sacrifices professionnels consentis par l’un des époux,
- Le patrimoine respectif des conjoints après le divorce,
- Les choix de vie faits pendant l’union.
🧑⚖️ L’avocat joue un rôle central dans la constitution du dossier et la défense des intérêts de son client, tandis que le juge intervient pour arbitrer et fixer la prestation, en l’absence d’accord.
Procédure et délais du divorce en séparation de biens
Même si la séparation de biens simplifie les enjeux patrimoniaux, le divorce reste une procédure encadrée juridiquement. Les délais et le niveau de complexité varient principalement selon le type de divorce choisi et l’existence ou non de biens indivis, notamment immobiliers.
🎯 L’objectif ici est de donner des repères concrets, sans entrer dans un déroulé procédural exhaustif.
Types de divorce possibles (consentement mutuel ou contentieux)
Deux grandes formes de divorce sont possibles en séparation de biens.
- Divorce par consentement mutuel
Lorsque les époux sont d’accord sur l’ensemble des conséquences du divorce (partage des biens indivis, résidence des enfants, éventuelle prestation compensatoire), ils peuvent opter pour un divorce par consentement mutuel. Ce mode de divorce est généralement :- Plus rapide,
- Moins conflictuel,
- Moins coûteux.
La convention de divorce formalise les accords et organise le partage patrimonial.
- Divorce contentieux
En cas de désaccord, le divorce devient contentieux. Il nécessite alors :- Une assignation,
- Des audiences,
- Une décision judiciaire.
➡️ Ce type de divorce est plus long et peut engendrer des tensions accrues, notamment lorsque les enjeux patrimoniaux sont importants.
Liquidation simplifiée : pas de notaire obligatoire (sauf biens indivis immobiliers)
L’un des avantages du divorce en séparation de biens réside dans la simplification de la liquidation patrimoniale.
- En l’absence de bien immobilier indivis, le recours au notaire n’est pas obligatoire. Le partage des biens mobiliers et financiers peut être organisé directement entre les époux, par accord amiable.
- En présence d’un bien immobilier détenu en indivision, l’intervention d’un notaire devient indispensable pour formaliser le partage, la vente ou l’attribution du bien.
⚖️ Cette distinction permet souvent de limiter les coûts et les délais lorsque le patrimoine est peu imbriqué.
Délais moyens et facteurs de variation
Les délais d’un divorce en séparation de biens varient selon plusieurs facteurs : degré d’accord entre les époux, complexité patrimoniale, présence d’enfants ou de biens immobiliers. À titre indicatif :
- Divorce par consentement mutuel : généralement entre 1 et 3 mois,
- Divorce contentieux : délais pouvant aller de 6 à 24 mois, voire davantage en cas de conflit important.
➡️ La qualité de la préparation patrimoniale et la clarté des situations financières jouent un rôle déterminant dans la durée de la procédure.
Erreurs fréquentes à éviter lors d’un divorce en séparation de biens
Si la séparation de biens simplifie en principe le divorce, certaines erreurs courantes peuvent néanmoins complexifier la procédure et entraîner des conséquences financières durables. Les éviter permet de sécuriser le règlement patrimonial et de limiter les contentieux.
Ne pas conserver les preuves de propriété
En séparation de biens, l’absence de preuve équivaut souvent à un partage subi. Factures, actes notariés, relevés bancaires ou justificatifs de financement sont essentiels pour démontrer la propriété d’un bien. À défaut, le bien peut être :
- Requalifié en bien indivis,
- Partagé par moitié, même s’il a été financé majoritairement par un seul époux.
📋 La conservation et l’organisation des documents patrimoniaux constituent donc un enjeu majeur en amont du divorce.
Vider les comptes bancaires avant le divorce
Retirer des fonds de manière unilatérale, notamment sur un compte joint, est une erreur fréquente. Si cette pratique est parfois juridiquement possible, elle est fortement risquée. Le juge peut :
- Sanctionner le comportement,
- Ordonner une compensation financière,
- Rééquilibrer le partage au détriment de l’époux concerné.
🔎 La transparence financière reste un facteur clé d’un divorce apaisé.
Négliger la prestation compensatoire
Beaucoup d’époux mariés sous le régime de la séparation de biens pensent, à tort, qu’ils ne sont pas concernés par la prestation compensatoire. Ne pas anticiper cette question peut conduire à :
- Une sous-évaluation des droits,
- Une contestation tardive,
- Une fragilisation financière à long terme.
✒️ Documenter les choix de vie, les sacrifices professionnels et les écarts de revenus est essentiel.
Anticiper et sécuriser votre divorce : nos conseils patrimoniaux
Même sous le régime de la séparation de biens, un divorce soulève des enjeux patrimoniaux importants. Une anticipation rigoureuse permet d’éviter les erreurs coûteuses et de sécuriser les décisions prises.
Avant ou pendant la procédure, il est recommandé de :
- Dresser un inventaire clair des biens et dettes,
- Distinguer précisément biens propres et biens indivis,
- Rassembler l’ensemble des justificatifs patrimoniaux,
- Mesurer les impacts financiers à moyen et long terme.
Un accompagnement patrimonial permet de poser un cadre objectif, en lien avec les conseils juridiques apportés par les avocats ou notaires, afin d’aboutir à des décisions cohérentes et sécurisées.
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FAQ – Divorce en séparation de biens
Nos expertises pour optimiser votre patrimoine
Comment se passe un divorce en séparation de biens ?
Le divorce repose sur un principe simple : chaque époux conserve ses biens personnels. Seuls les biens détenus en indivision font l’objet d’un partage. La procédure peut être amiable ou contentieuse selon le degré d’accord entre les époux.
Qui reste dans la maison en cas de séparation ?
Cela dépend de la propriété du logement. Si un seul époux est propriétaire, il conserve le bien, sous réserve d’aménagements temporaires. En cas d’indivision, plusieurs solutions existent : rachat, vente ou attribution préférentielle.
Comment se fait le partage des comptes en cas de divorce ?
Les comptes personnels ne sont pas partagés. Les comptes joints sont en principe répartis par moitié, sous réserve de contestation de certains mouvements financiers.
Faut-il un notaire pour divorcer en séparation de biens ?
Le notaire n’est obligatoire qu’en présence d’un bien immobilier indivis. En l’absence d’immobilier, le partage peut être organisé sans son intervention.
Peut-on demander une prestation compensatoire en séparation de biens ?
Oui. La prestation compensatoire est indépendante du régime matrimonial. Elle peut être accordée si le divorce crée une disparité de niveau de vie entre les époux.



