Les femmes et l’investissement

Une femme indépendante économiquement peut se réaliser dans un tas de domaines, y compris en amour d’ailleurs.
Gisèle Halimi, avocate et militante pour les droits des femmes.

Une indépendance trop récente  

Tout d’abord, il convient de rappeler que l’indépendance financière des femmes est très récente.  

En effet, le Code Napoléonien de 1804 place la femme sous tutelle maritale. Il la prive de sa capacité juridique. Elle a le même statut que ses enfants mineurs. La loi de 1938 vient lever cette incapacité juridique.  Cependant, même si elle peut désormais entamer des démarches administratives sans son époux, l’autorisation de ce dernier demeure nécessaire pour qu’elle puisse ouvrir un compte bancaire à son nom. Il a fallu attendre la loi de 1965 pour que la femme mariée soit enfin autorisée à travailler, à ouvrir un compte en banque et à signer des chèques sans l’autorisation de son mari.  

Ainsi, les femmes peuvent, de façon indépendante, gérer leurs ressources depuis seulement 59 ans. A titre de comparaison, la première greffe d’organe a été réalisée avant qu’une femme puisse disposer seule de son patrimoine. Il parait donc évident, qu’aujourd’hui, les femmes n’investissent que très peu sur les marchés financiers ; leur émancipation est trop récente. Par conséquent, les femmes, dans la grande majorité, ne se sentent pas concernées par l’investissement.  

Comment penser à investir quand nos mères et nos grands-mères sont nées sans le droit de le faire ? Par ailleurs, selon une étude, seulement 18% des Européennes investissent alors que plus de 60% se disent intéressées par l’idée.  

Un problème d’information

Outre une indépendance financière trop récente, d’où vient cette hésitation ? En effet, il semble peu judicieux de chercher l’explication dans le genre et la génétique ; aucun gêne « investissement financier » n’ayant été trouvé chez les hommes.   

En premier lieu, d’après une étude titrée “Les femmes et l’investissement menée par l’institut Kantar pour J.P. Morgan en Europe, les femmes considèrent que le manque d’information est un premier frein à un potentiel investissement. Ainsi 13% d’entre elles, estiment ne pas savoir où trouver des informations fiables, 22% affirment ne pas savoir dans quoi investir et 59% des femmes pensent qu’il devrait y avoir plus de pédagogie à l’école et dans l’enseignement supérieur au regard de l’investissement 

En second lieu, les femmes ont la sensation que ces informations, quand elles existent, ne leur sont pas adressées. Qui n’a pas vécu ce moment durant lequel un professionnel de la finance, un banquier notamment, s’adresse exclusivement à notre père, frère, conjoint ? C’est pourquoi, même lorsqu’elles prennent la décision de placer leur argent, les femmes ont tendance à être plus prudentes, plus modérées, moins obsédées par le profit que les hommes. Par voie de conséquence, les femmes ont tendance à préférer l’épargne. Selon les chiffres, 8 femmes sur 10 mettent de l’argent de côté tous les mois.  

Dans la continuité de la prudence des femmes vis-à-vis de l’investissement, un sondage de l’Autorité des Marchés Financiers révèle que seulement 17% des femmes, contre 32% des hommes, s’intéressent aux placements en action.  

Une inégalité patrimoniale encore d’actualité

En France, l’inégalité patrimoniale entre femmes et hommes est passée de 9% en 1998, à 16% en 2015. Le combat n’est donc pas encore gagné. Pour rappel, un rapport de la Cour des comptes de 2023 indique quela pension de retraite moyenne des femmes est de 28 % inférieure à celle des hommes. Ce chiffre augmente à 40% si on enlève la pension de réversion – partie de la retraite du conjoint prédécédé versée au conjoint survivant. 

Des femmes inspirantes dans l’investissement

Néanmoins, malgré cette réticence à investir et ces inégalités, les femmes sont de plus en plus nombreuses à vouloir s’intéresser aux investissements, à être inquiètes pour leur retraite et à vouloir générer elles aussi du profit. Au fil des décennies, des femmes sont devenues des figures emblématiques de la finance. On peut citer notamment Géraldine Weiss – aussi surnommée la Grande Dame des dividendes – ou encore Lubna Olayan – reconnue par Forbes et le Time Magazine comme l’une des femmes les plus puissantes au monde.  

La première a créé, en 1966 une newsletter, Investment Quality Trends, qu’elle signa d’un simple « G » afin de conserver une ambigüité certaine sur son genre. La deuxième est devenue, en 2019, la première femme saoudienne à la tête d’une banque – Saudi British Bank (SABB). Ainsi, ces modèles de réussite démontrent que les femmes ont autant d’aptitudes que les hommes à s’intéresser à la finance, tant dans leur vie privée que professionnelle. Fort de toutes ces connaissances sur la difficulté pour les femmes d’investir, nos conseillers en Gestion de Patrimoine sont là pour vous aider à comprendre la finance et à avoir confiance en vous.

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